Numérique Responsable : le résumé du GreenTech Forum 2025

Sommaire

Les 5 et 6 novembre, le GreenTech Forum a de nouveau investi le Palais des Congrès de Paris. Avec plus de 100 exposants, 2 500 visiteurs et un programme dense de conférences, cet événement s’impose comme le rendez-vous majeur du numérique responsable en France et en Europe. Entre écoconception, IA, souveraineté technologique et sobriété énergétique, l’édition 2025 a rappelé une conviction centrale : la transition numérique responsable n’est plus un choix moral, mais un levier stratégique de compétitivité.

Un numérique responsable, pilier d’une Europe compétitive

« L’objectif n’est pas d’opposer croissance et sobriété, mais de faire du numérique responsable un modèle de gouvernance », rappelle Christian Cor, lors de la plénière d’ouverture. Un message fort, qui fait écho à l’appel de Barbara Pompili à considérer la durabilité numérique non pas comme une tendance, mais comme une opportunité scientifique et économique.

Le numérique européen a un défi à relever : concilier innovation, compétitivité et souveraineté. Ophélie Coelho a d’ailleurs alerté sur la concentration croissante du pouvoir autour des géants du cloud, qui contrôlent déjà câbles, infrastructures et dépendances technologiques. Dans ce contexte, penser le numérique responsable comme un projet industriel européen devient un impératif stratégique.

À l’échelle continentale, la question n’est plus de savoir s’il faut agir, mais comment aligner gouvernance, pratiques et achats publics pour ancrer la responsabilité au cœur des systèmes d’information.

Écoconception et cybersécurité : vers une convergence stratégique

L’une des tables rondes les plus suivies du Forum posait une question clé : écoconception et cybersécurité, contradiction ou convergence ?
Les experts s’accordent sur un constat : 50 % des émissions liées à la cybersécurité proviennent des équipements et de la résilience des systèmes.

Pour Maud Cailly, la dépendance accrue au cloud et aux solutions SaaS, si elle facilite le déploiement des services, crée aussi une opacité et des dépendances technologiques préoccupantes. À l’inverse, rationaliser les infrastructures, revenir au besoin réel et privilégier l’open source peut à la fois réduire les impacts environnementaux et renforcer la souveraineté numérique.

L’enjeu est donc de réconcilier performance et sobriété, en intégrant la sécurité dans la conception même des solutions plutôt qu’en l’ajoutant a posteriori.

L’écoconception embarquée : la durabilité dès la première ligne de code

Autre message fort du GreenTech Forum : la durabilité ne s’ajoute pas, elle se conçoit dès le départ.
L’intervention d’Agnès Crepet a marqué les esprits : « Si tu ne peux pas ouvrir ton téléphone, tu ne le possèdes pas. » Derrière cette formule percutante se cache un principe fondamental : lutter contre l’obsolescence passe par la réparabilité, la transparence et la réappropriation technologique.

Cette logique trouvera bientôt un cadre normatif. En 2026, la publication de la norme AFNOR Spec 2201 viendra structurer l’écoconception des services numériques, un jalon essentiel pour les entreprises qui souhaitent s’engager durablement dans la démarche.

IA et sobriété : une équation d’avenir

Sans surprise, l’IA a occupé une place centrale dans les discussions. Loin du simple effet de mode, elle cristallise à la fois espoirs d’optimisation et inquiétudes environnementales.

L’étude présentée par Entreprises pour l’Environnement (EpE) (menée avec EDF, VINCI, Michelin, Veolia, Renault Group et d’autres) montre que les entreprises n’attendent pas pour agir :

  • Deux tiers mesurent déjà les émissions de GES liées à leurs projets IT,
  • La moitié intègrent des critères environnementaux dans leurs appels d’offres IA,
  • Et l’IA frugale suscite un intérêt croissant.

Les initiatives présentées sont inspirantes :

  • EDF simule les comportements énergétiques des foyers pour anticiper les besoins.
  • Veolia a développé Secure GPT, un assistant IA interne sobre et sécurisé.
  • Renault Group intègre systématiquement des critères d’écoconception dans ses marchés.
  • Société Générale évalue la maturité Green IT de ses projets via un simulateur CO₂.

Mais les défis restent immenses. La puissance énergétique des GPU de nouvelle génération (jusqu’à 2000W par unité, contre 100W pour un CPU standard) change la donne. Comme le souligne un intervenant :

« Penser résoudre le problème avec un meilleur PUE, c’est déjà dépassé. »

Face à cette explosion des consommations, la gouvernance de l’IA doit s’appuyer sur une sobriété by design : mesurer, anticiper, optimiser, et surtout reprendre la main sur la technologie.

Transparence et souveraineté : un enjeu clé face aux hyperscalers

Un mot est revenu sans cesse au fil des conférences : opacité.
Les grands acteurs du cloud et de l’IA restent souvent peu transparents sur leurs données ESG (consommation énergétique, empreinte carbone, périmètre des émissions). Les méthodologies divergent, rendant toute comparaison quasi impossible.

C’est pourquoi plusieurs voix plaident pour une régulation européenne renforcée et un pilotage local des infrastructures, notamment des data centers. Dans cette perspective, la souveraineté numérique n’est pas un frein à l’innovation, mais une condition de durabilité et de confiance.

Ce qu'on retient chez Synapse Développement

Chez Synapse Développement, en cours de labellisation Numérique Responsable, nous partageons pleinement cette conviction :

Le numérique responsable n’est pas une option, mais une condition de résilience économique et sociétale.

Les enseignements du GreenTech Forum 2025 confirment que l’urgence n’est plus de convaincre, mais d’aligner gouvernance, souveraineté, pratiques et achats. Les initiatives et retours d’expérience présentés renforcent notre détermination à concevoir des solutions d’intelligence artificielle sobres, éthiques et durables dès leur conception.

Dans une période économique incertaine, le numérique responsable apparaît comme un levier de compétitivité européenne, fondé sur la résilience, la coopération et l’innovation durable.

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